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Une comparaison entre la pensée européenne, selon laquelle le bonheur est l'aspiration ultime de l'autre et où le corps et l'âme sont distincts, et la pensée chinoise, qui s'affranchit des clivages entre le corps et l'esprit.
François Jullien, il est titulaire de la chaire sur l'altérité au Collège d'études mondiales de la fondation Maison des sciences de l'homme. Son oeuvre est traduite dans quelque vingt-cinq pays.
Notre expérience s'est pensée, en Europe, à partir d'une séparation du vital et de l'idéal ; on a dit «nourrir son corps» ou son «âme» (par la vérité).
Or l'expression commune en Chine de «nourrir la vie» nous conduit à remonter à la non-séparation de ces plans ; et, par là, en suivant Zhuangzi, à creuser l'écart avec l'idéal grec de la connaissance ainsi qu'avec l'idée du bonheur conçu comme finalité.
Certains de nos partis pris rationnels les plus massifs s'en voient ébranlés. Mais tout autant le recyclage de l'Orient en un mysticisme suspect où le marché du «développement personnel» vient inlassablement puiser.