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En mars 1623, à La Rochelle, le frère Gabriel Sagard, récollet, s'embarque pour Québec, d'où il repart promptement pour le pays des Hurons. Il y demeure du 2 août 1623 au 16 juillet 1624. Malgré son apparente simplicité, le voyageur a des visées scientifiques et il projette des découvertes au-delà du pays des Hurons.Le Grand Voyage du pays des Hurons, peut-être commencé avant le retour de Sagard à Paris, ne paraîtra qu'en 1632 avec, en annexe, un Dictionaire de la langue Huronne. Professant un « langage rude et mal poli », la relation de ce voyageur « simple et naïf » est, en fait, une œuvre complexe qui appelle plusieurs niveaux de lecture: l'information documentaire sur un pays encore peu changé par la présence européenne s'y trouve tantôt répartie au fil du récit, tantôt organisée en chapitres descriptifs, mais elle transparaît aussi dans l'inventaire des connaissances que constitue le Dictionaire. Par ailleurs, l'ouvrage ressortit visiblement au jeu des rivalités entre récollets et jésuites, comme sa genèse s'éclaire des événements qui, de 1615 à 1635, déterminent les rapports entre l'évangélisation, le commerce et le pouvoir civil en Nouvelle-France.Jack Warwick, professeur à l'Université York, a publié de nombreuses études sur les relations de voyage. Il est aussi l'auteur d'un ouvrage sur le mythe du nord dans la littérature québécoise (The Long Journey).