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Aussi rigoureux que subjectif, cet essai est la première synthèse embrassant l'ensemble de l'oeuvre de Vadeboncoeur. On nous y invite à cheminer à travers la tradition et la modernité aux côtés de l'un des principaux artisans du Québec contemporain.
Chroniqueur et essayiste, Réjean Beaudoin a enseigné la littérature québécoise à l'Université de la Colombie-Britannique de 1983 à 2007. Il vit à Richmond, à proximité de Vancouver.
Dans un essai sur l'art et l'amour, Pierre Vadeboncoeur écrit que l'absence de la femme aimée est une privation mais aussi une "seconde présence", comme si la distance lui permettait de la connaître encore plus profondément et d'être avec elle d'une façon telle que plus rien ne pourrait les séparer. D'un royaume à l'autre raconte une expérience semblable. Quand Réjean Beaudoin apprend la mort de son ami, sa tristesse se change bientôt en "un curieux sentiment d'allégresse", joie inattendue de retrouver Pierre Vadeboncoeur plus vivant que jamais dans ses livres, et de voir rejaillir par la même occasion son propre désir d'écrire. Aussi rigoureux que subjectif, l'essai de Réjean Beaudoin circule librement dans toute l'oeuvre de Vadeboncoeur, s'applique à comprendre la dynamique intellectuelle qui s'y déploie, et réussit à montrer, jusque dans ses replis et retournements constants, la cohérence d'une pensée riche qui ne se fige ou ne se repose dans aucune vérité. Si Vadeboncoeur passe de la politique à la littérature, du pamphlet à la méditation, c'est par fidélité à ce qu'il appelle "l'humain" et qui s'accomplit dans la tension entre l'action et la pensée, la croyance et l'incroyance, la certitude de la mort et l'intuition d'un autre royaume.Vadeboncoeur est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages, il est considéré comme le plus grand essayiste québécois, et pourtant son oeuvre n'avait jamais été étudiée dans son ensemble. D'un royaume à l'autre vient corriger cette lacune et nous invite à cheminer à travers la traduction et la modernité avec l'un des principaux artisans du Québec contemporain que René Lévesque qualifiait "d'esprit lucide, fatigant, toujours en mouvement".