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« Mon but est de rédiger une synthèse sur le curé Labelle. J’ai constaté que peu d’historiens se sont intéressés au projet de la conquête du sol de la vallée de l’Ottawa à Winnipeg. Ce projet d’envergure ne visait pas à créer un empire, mais voulait assurer la survie culturelle des Canadiens français dans le nouvel État canadien. » Extrait de l'introduction.
Richard Lagrange est historien et professeur d’histoire à la retraite du cégep Édouard-Montpetit de Longueuil et du centre collégial de Mont-Laurier du cégep de Saint-Jérôme. Il est l’auteur d’ouvrages, entre autres De la chute aux Iroquois à Labelle, 1880-1980 (1980), Bibliographie des Laurentides (1985) avec Serge Laurin, Le Nord mon père, voilà notre avenir (1986), Histoire du Richelieu–Yamaska–Rive-Sud (2001) avec d’autres auteurs et d’À nous la terre et la liberté (2013) sur les rébellions de 1837-1838.
En 1883, le curé Labelle de Saint-Jérôme, dans les Laurentides au Québec, écrit au curé Filion de Saint-Jean-Baptiste au Manitoba : « Soyez tranquille, je m’en vais au Nord-Ouest avec mes gens des cantons de la “Rouge”. Les deux rivières qui portent le même nom, de la “Rouge”, la mienne et la vôtre, sont appelées à se joindre. Nous nous acheminons tranquillement vers les belles et fertiles régions de la baie James. Une fois là, nous nous donnerons la main. » Ce vaste mouvement de colonisation voulait assurer la survie culturelle des Canadiens français dans le nouvel État canadien créé en 1867. La lutte semblait se faire maintenant sur la maîtrise du sol et de ses ressources et sur la victoire démographique des Canadiens français dans la fédération. Elle reposait aussi sur l’immigration française provenant de Belgique, de France et de Suisse. On verra les nombreuses raisons de l’improbable succès de ce projet.