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« Passion de vie, passion de récit », voilà les enjeux essentiels sous-tendant la délicate restitution littéraire du soi à laquelle se livre Gabrielle Roy dans sa célèbre autobiographie posthume. Consacrée à l'analyse de la dimension passionnelle du récit de vie, dernière oeuvre qu'a laissée la romancière québécoise, francophone nord-américaine, l'étude de Cécilia W. Francis révèle combien l'évocation poétique de cette pulsion du vivant s'investit d'une profonde ambivalence.
« Passion de vie, passion de récit », voilà les enjeux essentiels sous-tendant la délicate restitution littéraire du soi à laquelle se livre Gabrielle Roy dans sa célèbre autobiographie posthume. Consacrée à l'analyse de la dimension passionnelle du récit de vie, dernière oeuvre qu'a laissée la romancière québécoise, francophone nord-américaine, l'étude de Cécilia W. Francis révèle combien l'évocation poétique de cette pulsion du vivant s'investit d'une profonde ambivalence.Inscrit dans le prolongement des travaux consacrés à la sémiotique des passions, inaugurée par Algirdas J. Greimas, cet ouvrage constitue un apport singulier au domaine de la discursivité royenne. Il fait converger l'autobiographe et le théoricien autour d'une question fondamentale: l'impérieuse irruption de la vie, du corps, des souvenirs, des émotions et des passions, surgie au terme d'une entreprise de création que l'on croyait pouvoir maîtriser. La valeur de l'investigation proposée réside dans les interrogations qu'elle soulève. Comment un effet de sens extrêmement diffus, la tonalité intimiste, se transmet-il par le langage ? Pourquoi cette oeuvre littéraire, si lisse de facture, est-elle traversée de tension, habitée de tourments qui souvent n'atteignent que le seuil du dicible ? Et comment expliquer que cette modulation entropique demeure intrinsèquement rattachée à la transcendance par la joie, à la propension du sujet à se tourner vers le monde et autrui ? L'analyste remonte le fil des noeuds de tensivité qui imprègnent cette démarche intimiste remarquable et offre un nouvel éclairage sur l'inhérente cyclothymie royenne, à la racine du tiraillement affectif opposant la « détresse » à l'« enchantement ». Ce faisant, elle élabore une approche méthodologique inédite pour l'examen de la prose autobiographique et de la subjectivité en littérature.