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Basta ! L'enseignement du français au secondaire appartient maintenant au passé pour Edgar Forest, cinquante-neuf ans. Mais après l'école, est-ce pour autant le début de la récréation ?Écrit dans un style à la fois sobre et percutant, Les Jambes de Steffi Graf pose des interrogations graves sur un ton souvent d'une trompeuse légèreté. Derrière le romancier se cache un journaliste, un reporter même, un redoutable enquêteur de la nature humaine. À n'en pas douter, plusieurs se demanderont pourquoi Pierre Cayouette aura attendu si longtemps avant d'ajouter cette flèche à un carquois déjà bien garni.Edgar a cinquante-neuf ans. Sa mère, son père, son frère et sa femme sont tous décédés précisément à cet âge. Excellente raison, quand on est un tantinet superstitieux, de prendre sa retraite de l'enseignement pour profiter pleinement de ce qui risque d'être l'année ultime de son existence. Mais il semble bien que la retraite ne sonne pas pour autant le début de la récréation espérée avant la véritable « fin des émissions ». S'il se paie quelques douceurs, certaines rencontres mèneront l'ancien professeur là où il n'avait certainement pas prévu s'aventurer. De biographe à gages pour une firme funéraire jusqu'à auteur patenté avec succès en prime, Edgar trouvera bien davantage que de quoi meubler sa quotidienneté sans trop donner prise à ses récurrentes angoisses. Sa quête, tout à la fois spirituelle et humaniste, le mènera jusqu'en Gaspésie, pays de ses origines. C'est là que notre homme ira se « réinventer » et entreprendre pour de bon sa nouvelle carrière d'humain.
Journaliste, longtemps rattaché au Devoir puis à L’actualité, et auteur, Pierre Cayouette agit à titre de conseiller littéraire et éditeur aux Éditions Québec Amérique.
Extrait :Sur le chemin du retour, rue Notre-Dame, j'ai revécu chaque instant de cette fête de départ. J'ai repensé aux trente-cinq dernières années. Je me suis même revu, enfant, lorsque j'avais la vie devant moi. Maman me racontait souvent que, lorsque j'avais neuf ou dix ans, je disais à qui voulait l'entendre que je serais un jour enseignant. Devenu adulte, j'avais pris conscience, au fil des ans, de ce privilège de savoir très tôt dans la vie ce que l'on fera plus tard pour la gagner. J'ai eu des collègues d'université qui doutaient toujours de leur orientation, même à trente ans. Pas moi. Tout cela était désormais derrière. Ce soir-là, une voix intérieure me chuchotait : « Déjà fini! C'était donc ça, la vie…! ».
