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Pour son cinquième roman à Québec Amérique, Maryse Rouy nous parle d'une époque qu'elle connaît bien et affectionne particulièrement : le Moyen Âge. Grâce à sa plume savante, qui ne tombe pas dans le piège de la leçon d'histoire, l'auteure nous sert une intrigue policière dans un décor inusité : la route du pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Mais attention! Les pèlerins ne sont pas tous animés de la même piété. On pourrait même aller jusqu'à dire de chacun qu'il aurait pu commettre…Explorant plus précisément la période qui correspond au déclin du catharisme, Maryse Rouy sait habilement mettre en relief les enjeux historiques du moment dans un cadre romanesque enlevant. Plus que la simple parenté des titres, Au nom de Compostelle n'est pas sans rappeler le chef-d'œuvre d'Umberto Eco, Au nom de la rose.Pour se rendre à Saint-Jacques-de-Compostelle, les pèlerins, que l'on appelle jacquaires, suivent une des multiples routes de pèlerinage jalonnées de monastères aménagés pour les accueillir. Au début de l'été 1240, une caravane de jacquaires part de Montpellier. Parmi eux se sont glissés deux cathares. Émissaires de Trencavel, le vicomte banni de Carcassonne, ils sont chargés d'avertir ses fidèles qu'il va lancer une campagne de reconquête avant les vendanges. Dès la première étape, par une nuit de pleine lune, un jacquaire périt de mort violente. Son cadavre porte des traces de griffes et de dents. Qui l'a tué ? Un compagnon de route ou un de ces loups-garous dont tout le monde parle ? Chez les pèlerins, qui ont presque tous quelque chose à cacher, un climat de peur s'installe : peur de la malédiction qui semble peser sur la caravane, peur aussi de l'Inquisition qui mène l'enquête.
Après avoir longtemps conjugué l’enseignement et l’écriture romanesque, Maryse Rouy se consacre aujourd’hui exclusivement à son métier de romancière, ce qui réjouira tous ceux qui ont lu ses grands romans historiques, notamment Azalaïs ou la Vie courtoise, Mary l’Irlandaise et Au nom de Compostelle. Avec la tétralogie Une jeune femme en guerre, l’auteure nous offre une œuvre poignante au cœur de laquelle de jeunes Québécois vivent avec intensité les moments de grands changements que furent la Seconde Guerre mondiale et l’après-guerre.
Extrait :Un hurlement soudain couvrit les geignements, grognements et raclements de gorge matinaux. Les pèlerins restèrent figés, qui les chausses baissées, qui le chapelet à la main, qui la prière aux lèvres. Le cri se répéta et dégénéra en crise nerveuse. Les statues s'animèrent pour converger vers Fabrissa Montreau. Elle gesticulait et ce qu'elle disait n'avait aucune cohérence. Son père la secoua jusqu'à ce qu'elle se calme. Elle réussit enfin à désigner d'un doigt tremblant l'arrière du rocher d'où elle venait de surgir. Ils le contournèrent et découvrirent l'atrocité.La gorge lacérée, le visage déchiré, la bouche tordue par une grimace d'horreur absolue, Salvetat gisait dans une flaque de sang noirâtre où bourdonnaient déjà quelques mouches.