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« J’ai parfois le sentiment que notre histoire est un roman colonial qui n’en finit plus. Alors j’ai pensé y aller de mon chapitre à moi. Au point où en sont les choses…» Voilà ce que l’auteur déclare dans son succinct avant-propos. Pourtant, c’est bel et bien un essai qu’il nous donne ici, mais un de ces essais comme seul un romancier peut en écrire. Ainsi, ce sont deux personnages fictifs, messieurs Labine et Lesieur, dont se sert Daniel Poliquin pour illustrer les deux versants éternels du Canadien français: celui qui a tourné le dos à la foi des pères et qui songe davantage à jouir du présent qu’à panser les blessures de l’Histoire, et celui qui, reprenant le flambeau de ses aïeux, se braque dans une lutte pour la survivance. On aura peut-être deviné que c’est ce dernier qui fait surtout sourciller Daniel Poliquin. Car l’auteur ne peut s’empêcher de voir dans la lutte nationaliste un héritage de notre ancien statut de colonie, héritage qui vient trop souvent fausser les perceptions et opposer une frontière artificielle au destin des individus. Mordant, provocateur, écrit avec une joie communicative, Le Roman colonial n’est bien sûr pas le premier ouvrage qui s’attache à démonter la psyché du nationalisme québécois, mais jamais on ne l’a fait avec une si profonde connaissance de la société et de l’histoire du Québec, ni avec ce don – encore une fois propre au romancier – de débusquer les motivations inavouées et de dynamiter les poses et les discours.