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Atteignant l’extrême sud de la ville où j’apercevais des gens solitaires assis devant leur téléviseur en train de regarder la guerre dans un pays lointain, et interrogeant tout cela pour en tirer une parcelle de sens, je me disais que mon père et moi n’étions pas faits pour durer, que tout ce que nous avions construit et construisions encore s’effondrait à mesure, tout n’était que surface avec du vide en dessous. Nous n’étions pas meilleurs ni pires que les autres, nous n’avions pas le sens du temps, de sa continuité, encore moins de sa profondeur; nous allions mourir et c’était très bien, il n’y aurait plus qu’à devenir poussière d’or, humus, qu’à nourrir la terre, et ainsi nous serions plus utiles morts que vivants. Un père et sa fille vivent dans le Montréal des laissés-pour-compte, tentant d’accéder à la liberté, mais chacun à sa manière et en dépit du passé trouble qui les lie. Rachel Leclerc nous offre un second roman d’une grande sensibilité, porté par une écriture sobre et limpide, traversé d’élans poétiques. Un roman où la détresse urbaine — celle des exilés dans leur pays — prend tout son sens.