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Propose une relecture de l'oeuvre de Gabrielle Roy selon trois axes liés au féminisme de cet auteur canadien : ses dénonciations et ses revendications en faveur des femmes, sa remise en cause des valeurs symboliques qui sous-tendent leur oppression et ses liens avec l'écriture au féminin.
Lori Saint-Martin s'adonne ici à une relecture de l'œuvre de Gabrielle Roy, y compris le corpus peu connu des inédits, à la lumière de la critique au féminin. Une opposition radicale entre deux figures féminines, la voyageuse et la prisonnière, structure l'ensemble de la réflexion de la romancière sur «la question des femmes». Avec une rare lucidité et une révolte souvent violente, Gabrielle Roy dépeint l'asservissement des mères - de même que leur jeunesse ardente et leur vaine rébellion - et la volonté d'évasion des filles, et imagine de nouvelles possibilités narratives pour les exprimer. L'intérêt de cette étude tient à la fois au propos qui l'inspire - découvrir chez Gabrielle Roy tout ce qui la rattache au féminisme de son époque et annonce, avec une audace insoupçonnée, le féminisme de la nôtre - et à la matière sur laquelle elle se fonde : non seulement les livres les plus célèbres de la romancière, mais aussi les romans inédits, Baldur et La Saga d'Eveline, auxquels elle a consacré, sans parvenir à leur donner une forme achevée, des années de sa vie. La Voyageuse et la Prisonnière propose la toute première étude de fond de ces textes inconnus mais essentiels, qui nous font voir autrement les œuvres qu'on croyait bien connaître.