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La demeure de l’ethnolinguiste Richard Dubé, au sommet du mont Royal, est squattée par une communauté de réfugiés qui ont réussi par miracle à s’échapper de toutes sortes de pays ex-postcommunistes. Telles des pièces d’échecs qui tombent dans la boîte après une partie, tous sont égaux, même s’ils occupaient des positions fort différentes dans leurs pays d’origine. Un roi incline la tête vers les pieds d’un pion de son adversaire, un fou furieux cajole une reine. Prolétaires de tous les pays, unissez-vous! « Le Canada est un beau pays, mais il est quand même stupide! » assurent-ils à propos du pays qui les a accueillis. « On nous fait venir ici, mais on ne nous dit pas comment y vivre. Sans mode d’emploi, nous, on ne sait pas comment faire, on n’a pas l’habitude. » Vous c’est vous, nous c’est nous. « Et tous ces gens dont la photo est accrochée partout, ce sont des hauts dirigeants? » Peut-on qualifier les agents immobiliers de hauts dirigeants? En un certain sens, certes… Ventes-achats, ventes-achats, capitalistes de tous les pays, quoi d’autre vous unit? Ce sixième roman d’Elena Botchorichvili marque un tournant dans son œuvre. Celle qui a inventé le « roman sténographique » nous donne ici un roman plus ample que les précédents (une centaine de pages !) où elle laisse libre cours à sa veine comique, sorte d’hommage à Nicolas Gogol, son écrivain de prédilection. Il en résulte un portrait au vitriol de l’immigration, à mille lieues des bons sentiments qui plombent habituellement les œuvres traitant de ce thème. Ce qui ne l’empêche pas, quand on s’y attend le moins, de nous ébranler avec des moments d’une indicible émotion.