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Dans ce livre de sagesse où rayonnent maximes, réflexions, rêveries, haïkus comme autant de touches de couleur, Dany Laferrière dessine un autoportrait qui a la naïveté, le charme et la spontanéité d’un dessin d’enfant. Un certain art de vivre se lit et se relit lentement, se savoure comme un après-midi de pluie par une chaude journée d’été, et nous fait entendre dans chacun de ses mots le cœur battant de la vie.
J’ai voulu savoir comment les choses s’étaient passées dans cette vie où je n’ai pas cessé de bouger, souvent malgré moi. Toutes ces villes où j’ai vécu (Port-au-Prince, Petit-Goâve, Montréal, New York, Miami, Paris, et j’ose imaginer Tokyo aussi), assez pour les intégrer en moi sans me réduire à une seule. Je suis passé, à peine étonné, du sud au nord, du rhum au vin, de l’été à l’hiver, jusqu’à me changer en cerisier en fleur. J’ai franchi clandestinement les frontières de classes, de races ou encore celles qui séparent un pays d’un autre. J’ai accumulé diverses expériences au fil des jours ensoleillés ou pluvieux, mais je n’avais pas encore évalué ce parcours. L’été dernier, dans un hôtel de Bornéo, j’ai découvert sous forme de réflexions fulgurantes, de haïkus langoureux, de descriptions hâtives d’un lieu, d’une situation ou d’un état d’esprit, ce qui s’était passé dans ma vie durant ce dernier demi-siècle. Pour finalement découvrir que ces petites notes, comme des touches de couleur, dessinent un autoportrait naïf comme ces dessins d’enfant qui m’émeuvent tant. Ce livre m’aura pris plus de temps qu’aucun autre.