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Cette étude vise à saisir la fulgurance de la pensée du cinéma de Deleuze en explicitant la genèse de sa construction et à appréhender la rencontre singulière entre la pensée du philosophe et le septième art. Elle montre comment Deleuze s'approprie les théories de Kant, Bergson, Peirce et Spinoza pour élaborer sa propre réflexion à travers L'image-mouvement et L'image-temps.
Cette étude a l'ambition de décrypter la philosophie implicite de L'Image-mouvement et L'Image-temps de Gilles Deleuze. Elle apprivoise la fulgurance de sa pensée du cinéma en explicitant la genèse de sa construction et permet de mieux appréhender les enjeux de cette rencontre paradoxale entre la pensée singulière d'un philosophe et le cinéma, dans son infinie diversité.. La lecture croisée de L'Image-mouvement, de L'image-temps et de quatre années de cours délivrés sur le cinéma par Deleuze, témoignent de l'édification de cette pensée vivante, avec ses sédimentations, ses repentirs et ses audaces. Aux sources d'inspiration avouées de Deleuze - Bergson, Peirce -, nécessaires à la mise en place de son dispositif de recherche, s'adjoignent très rapidement celles, plus profondes, de Kant et de Spinoza, qui en guident la progression.. Grâce au cinéma, Deleuze prolonge sa réflexion sur l'empirisme transcendantal, reconsidère la question de l'image et des signes, revisite secrètement l'éthique de Spinoza afin de nous proposer une nouvelle éthique, qui ne répond plus à la question «Que peut un corps ?» mais à sa généralisation «Que peut une image ?».. À la fois genèse de la sensibilité, cosmogonie, sémiotique et éthique, L'Image-mouvement et L'Image-temps construisent une génétique des puissances de l'image dont les oeuvres des cinéastes sont à la fois les jalons et les pierres de touche : la rencontre avec ces oeuvres permet à la philosophie de Deleuze de subir l'épreuve du réel et de la faire bifurquer au gré des rencontres avec les pensées des cinéastes. Deleuze se sert du cinéma, qui devient la vérification expérimentale de sa philosophie, cependant que le cinéma «capture» Deleuze, et l'amène à tracer des cheminements de pensée inédits. Dans cette parade amoureuse, Deleuze est la guêpe, le cinéma l'orchidée.. C'est en déterminant pourquoi ces livres sont des ouvrages de philosophie à part entière que l'on en appréciera la portée. Comprendre leur armature philosophique complexe, c'est se donner les moyens de saisir plus profondément ce qu'ils apportent à la théorie du cinéma..