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L'intention de Rosenkranz (1805-1879) était de combler une lacune dans la réflexion esthétique en donnant droit de cité au laid. Si le beau est hégéliennement la manifestation sensible de la liberté, le laid en est la négation sensible. La rédemption du laid réside dans la déformation extrême, la caricature, qui donne la possibilité de son dépassement et atteint une liberté renouvelée de l'esprit.
«Une esthétique du laid? Et pourquoi pas? L'esthétique est aujourd'hui un terme collectif qui recouvre un large groupe de concepts, qui à son tour se divise en trois classes distinctes. La première concerne l'idée du beau, la deuxième le concept de sa production, c'est-à-dire l'art, la troisième le système des arts, la représentation du beau au moyen de l'art dans un medium déterminé. Nous avons l'habitude de regrouper les concepts qui appartiennent à la première de ces classes sous le titre de métaphysique du beau. Mais quand on analyse l'idée du beau, on ne saurait en dissocier l'étude du laid. Le concept du laid, le beau négatif, constitue donc une partie de l'esthétique. Il n'y a pas d'autre science à laquelle on pourrait le rattacher, et par conséquent c'est à juste titre qu'on parle de l'esthétique du laid. Personne ne s'étonne de ce que la biologie traite du concept de maladie, ou l'éthique du concept du mal, les sciences juridiques du concept d'injustice, les sciences religieuses du concept de péché. Parler de théorie du laid, ce serait exprimer avec moins de précision la généalogie scientifique de ce concept. Du reste j'aurai à justifier ce terme en exposant cette généalogie...»
. Traduit de l'allemand par Sibylle Muller et préfacé par Gérard Raulet.