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Girl est un roman sidérant, qui se lit d’un souffle et laisse pantois. Écrivant à la première personne, Edna O’Brien se met littéralement dans la peau d’une adolescente enlevée par Boko Haram. Depuis l’irruption d’hommes en armes dans l’enceinte de l’école, on vit avec elle son rapt, en compagnie de ses camarades de classe ; la traversée de la jungle en camion, sans autre échappatoire que la mort pour qui veut tenter de sauter à terre ; l’arrivée dans le camp, avec obligation de revêtir uniforme et hijab. La faim, la terreur, le désarroi et la perte des repères sont le lot quotidien de ces très jeunes filles qui, face aux imprécations de leurs ravisseurs, finissent par oublier jusqu'au son de leurs propres prières. Mais le plus difficile commence quand la protagoniste de ce monologue halluciné parvient à s’évader, avec l’enfant qu’elle a eu d’un de ses bourreaux. Après des jours de marche, un parcours administratif harassant lors de son arrivée en ville, celle qui a enfin pu rejoindre son village et les siens se retrouve en butte à leur suspicion – et à l’hostilité de sa propre mère. Victime, elle est devenue coupable d’avoir introduit dans leur descendance un être au sang souillé par celui de l’ennemi. Écrit dans l’urgence et la fièvre, Girl bouleverse par son rythme et sa fureur à dire, une fois encore, le destin des femmes bafouées. Dans son obstination à survivre et son inaltérable confiance en la possible rédemption du coeur humain, l’héroïne de ce très grand roman s’inscrit dans la lignée des figures féminines nourries par l’expérience de la jeune Edna O’Brien, mise au ban de son pays alors qu’elle avait à peine trente ans. Devenue un des plus grands écrivains de ce siècle, elle nous offre un livre d’une sombre splendeur avec, malgré tout, au bout du tunnel, la tendresse et la beauté pour viatiques.
Née en 1930 dans un petit village catholique de l’ouest de l’Irlande, EDNA O’BRIEN grandit dans une ferme isolée entre une mère sévère et un père alcoolique. Après le pensionnat, elle part à Dublin pour suivre des études en pharmacie. En 1952, elle épouse, contre l’avis de sa mère, l’écrivain juif d’origine tchèque Ernest Gébler, et s’installe à Londres. Ses débuts littéraires datent de 1960, année de la parution du premier volet de la trilogie qui la rendit célèbre, The Country Girls Trilogy. Ses premiers livres, publiés en Angleterre, ont longtemps été interdits en Irlande, parce qu’ils décrivaient de manière supposément subversive l’éveil à la sensualité de ces « filles de la cam¬pagne ». Bientôt divorcée, Edna O’Brien élève seule ses deux fils, au coeur des Swinging Sixties lon¬doniennes, sans pourtant jamais quitter sa table de travail.Elle écrit depuis près de soixante ans, et son oeuvre est publiée dans le monde entier. Lauréate en 2018 du prix PEN America/Nabokov pour la portée internationale de son oeuvre, elle a été anoblie par Élisabeth II.Depuis près de dix ans que Sabine Wespieser éditeur publie son oeuvre, Edna O’Brien a écrit cinq nouveaux livres : Crépuscule irlandais (roman, 2010) ; Saints et Pécheurs (nouvelles, 2012) ; Fille de la campagne (mémoires, 2013) ; Les Petites Chaises rouges (roman, 2016) et Girl (roman, 2019), dont l’édition française paraît simultanément avec l’édition originale chez Faber, et dont les droits ont déjà été cédés en Allemagne, en Italie, en Espagne, aux Pays-Bas, en Grèce et en Suède.