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Une étude de l'évolution des mouvements féministes qui interroge leurs liens avec l'individualisme et le libéralisme. Le féminisme radical du XXIe siècle place au centre de ses combats les concepts de choix et d'individualité, s'opposant parfois à celui d'universalisme défendu par les générations précédentes.
« Le mouvement #MeToo, qui se déploie depuis l'automne 2017, ne vient pas de nulle part. Il est l'héritier d'autres mouvements féministes : surgissement de l'acronyme LGBT et de ses extensions, de mots comme grossophobie, mecsplication ou manspreading, visibilité croissante des féminismes non-occidentaux ou décoloniaux et des cultures queer, des revendications trans et non-binaires, politisation du harcèlement de rue ou de l'écriture inclusive.
Au milieu de ce foisonnement, il m'est arrivé de m'inquiéter de la destruction de certains acquis du féminisme. Car ceux-ci ne me semblent avoir perdu ni de leur pertinence, ni de leur urgence.
L'individualisme, qui nous fait perdre de vue interdépendances et solidarités, et le libéralisme, qui suppose des libertés qui ne sont pas toujours partagées, infusent partout. Nous les avons bien intégrés, jusque dans les milieux les plus attachés à l'émancipation.
Leur succès, et une convergence fortuite entre politiques libérales et milieux radicaux sur ce sujet, constitue une conjuration des ego, soit un dévoiement des idéaux d'égalité et de justice sous les coups d'un égoïsme ayant accédé à la dignité d'idéologie politique. ».