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Face à la violence, que peut la philosophie ? La question se pose avec une terrible acuité après les attentats de janvier 2015 à Paris. Cet ouvrage limpide, étincelant, destiné à un large public, met la philosophie à l’épreuve de la politique, de 1943 — année de la publication de L’Être et le Néant — jusqu’à nos jours, à travers des figures emblématiques. Sartre donne à sa philosophie de la liberté une portée métaphysique. Camus récuse la violence en recourant à l’absurde et à la révolte. Pour Merleau-Ponty « l’épaisseur du présent » impose à l’action « les moyens du présent ». Simone Weil, Canguilhem, Cavaillès mettent le pacifisme à l’épreuve et en avant l’expérience de la nécessité. Lévi-Strauss pose le problème de la violence face à la diversité humaine repensée. Deleuze pense la dimension ultime de l’être comme différence. Foucault s’attache à l’enfermement intolérable. Levinas et Derrida analysent le passage de la métaphysique à l’éthique. Jankélévitch se penche sur la question du pardon, de l’impardonnable et de l’imprescriptible. C’est la philosophie tout entière — c’est-à-dire l’action et la pensée, les œuvres et les relations, l’histoire et l’actualité — qui répond à la folie du monde. Aussi ce livre peut-il être lu comme un acte de résistance.
Marc Crépon, philosophe, est notamment l’auteur de La Culture de la peur, Identité, sécurité, démocratie (Galilée) et du Consentement meurtrier (Le Cerf).