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Platonov, première oeuvre de Tchekhov, retrouvée vers 1921, brosse le portrait d'un jeune homme qui, sous des dehors joyeux, est manipulateur, désespéré. Ivanov, un monsieur tout le monde, un antihéros, enlisé dans une existence ennuyeuse. A la soirée d'anniversaire de Jeltoukhine, les convives, Elena Andreïevna et Sonia, Voïnitski, sont désoeuvrés, sauf le médecin : Le sauvage.
Dans l'oeuvre de Tchekhov défile un long cortège d'esclaves de leurs amours, de leur bêtise, de leur paresse ou avidité de bien-être, esclaves d'une peur obscure de la vie, vaguement troublés, remplissant leur existence de discours décousus sur l'avenir, parce qu'ils sentent qu'il n'y a pas de place pour eux dans le présent. Parfois, au coeur de cette masse grise retentit un coup de feu : c'est Ivanov ou Treplev qui a compris ce qu'il avait à faire : mourir. . Certains forment de jolis rêves sur la beauté de la vie dans deux cents ans, mais personne ne se pose cette simple question : qui donc la rendra belle, si nous nous bornons à rêver ? . A côté de cette foule grise et ennuyée d'êtres impuissants, est passé un homme grand, intelligent, attentif. Il a jeté un regard sur ces mornes habitants de sa patrie et, déchiré de désespoir, sur un ton de doux mais profond reproche, il a dit avec un triste sourire, d'une belle voix sincère : . «- Que vous vivez mal, messieurs !» . Maxime Gorki..
