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Si Rilke a toujours été tenté de penser à la musique en des termes architecturaux, il convient de se demander si, fidèle à la doctrine baudelairienne de la correspondance des arts, il n'a pas souvent abordé la sculpture et l'architecture en termes musicaux. C'est en tout cas cette correspondance entre le son et l'espace qui guide ces vers.
Une idée répandue a longtemps voulu que Rilke, familier des peintres et des sculpteurs, ait éprouvé pour la musique une forme de défiance allant jusqu'à la répulsion. La vérité est bien plus complexe, comme le prouve cette anthologie où sont réunis trente-cinq poèmes et fragments directement inspirés à Rilke par ses expériences musicales, de 1899 à sa mort. Rilke, en fait, n'a jamais cessé d'exhorter la musique à dialoguer avec le silence, et c'est la recherche d'une correspondance intime entre le son et l'espace qui mène, fil rouge à travers toute son oeuvre, jusqu'à l'arbre sonore dressé au premier vers des célèbres Sonnets à Orphée.. Depuis la parution de la première édition de Chant éloigné, d'éminents compositeurs de notre temps, Philippe Fénelon (Quatrième quatuor avec voix, 1999) et Henri Dutilleux (Correspondances, 2004), ont mis en musique plusieurs des poèmes ici rassemblés, confirmant ainsi que la conception rilkéenne de la musique est plus actuelle que jamais..