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A l'occasion du prix spécial décerné à ce couple de cinéastes pour l'ensemble de son oeuvre par le jury du 63e Festival de cinéma de Venise (2006), cet ouvrage rassemble les textes de L. Seguin, critique qui suit le cinéma de Straub-Huillet depuis ses débuts et a analysé et commenté chacun de leurs films.
De la même génération que les cinéastes de la Nouvelle Vague, Jean-Marie Straub, refusant d'aller se battre contre les Algériens, est contraint de s'exiler en Allemagne où il devient l'une des figures du «nouveau cinéma allemand» des années 60. Il co-signe tous ses films avec sa compagne et collaboratrice Danièle Huillet. La plupart des films de "Straub-Huillet" sont des mises en scènes de textes revisités : Corneille (Othon, 1969), Hölderlin (La Mort d'Empédocle, 1986), Cézanne (Cézanne, 1989), Une visite au Louvre, 2003), Kafka (Amerika, rapports de classes, 1984), Brecht (Antigone, 1991), Franco Fortini (Franco Fortini, 1976), Heinrich Boll (Non Réconciliés, 1965), Pavese (De la nuée à la résistance, 1979).. Le titre de leur film : Non réconciliés / Seule la violence aide là où la violence règne, sonne comme une devise. Depuis 1965, rien n'a changé pour eux, ni l'impérialisme, ni l'exploitation n'ont disparu de l'histoire. Ils ne partagent pas l'«euphorie sinistre» d'aujourd'hui.. Ils ignorent que les «idéologies» ont changé, que plus personne n'ose citer Karl Marx ou Bertold Brecht, que plus personne ne parle de luttes de classes. Ils ne se sont jamais repentis.. Leur cinéma est un défi, chaque fois renouvelé, de trouver les moyens d'un travail minutieux et têtu, celui d'un artisan qui ne pourra faire naître les merveilles du hasard que grâce à la multi-plicité des répétitions, des repérages et des prises. Il leur faut surtout du temps, ils sont parmi les rares cinéastes à ne pas se laisser écraser par la vitesse..