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C. Le Berre analyse les oeuvres et étudie les méthodes de travail de F. Truffaut. A partir des archives personnelles du cinéaste, elle reconstitue son processus créatif, qu'elle présente chronologiquement à travers ses 24 films, mettant en valeur à travers chacun, un aspect différent de son travail.
Parmi l'abondante littérature consacrée à François Truffaut, manquait l'ouvrage sur sa méthode de travail à partir de ses archives. L'investigation patiente de l'intégralité d'une documentation de travail inespérée permet à Carole Le Berre d'accéder comme rarement à l'univers et au processus de création d'un cinéaste. Parce que Truffaut écrivait beaucoup, couvrait ses scénarios de remarques manuscrites, qu'il avait la passion de tout conserver, le lecteur peut assister, comme en catimini, au mouvement même de l'élaboration de l'oeuvre. On retrouve les traces encore vivantes d'un esprit en marche en activité constante, comme si l'on surprenait un cinéaste au travail, on découvre ses secrets de fabrication, on suit le surgissement d'une idée, l'esquisse parfois d'une mise en scène, la naissance d'un film.. De Truffaut, on a l'impression de tout connaître, et pourtant cet ouvrage permet de le découvrir sous un angle nouveau et d'éprouver plus encore l'obstination et la cohérence de l'oeuvre. Rien n'est plus faux que la légende selon laquelle Truffaut, le critique irascible, le fossoyeur de la qualité française serait ensuite devenu un cinéaste rangé, assagi. Les sujets de ses films, tels qu'ils sont ici mis en lumière, la violence qui y sourd, la sauvagerie profonde des personnages montrent tout au contraire combien cette idée reçue est une forme d'aveuglement. Le cinéma de Truffaut ne cesse de jouer du décalage entre une apparence anodine, le masque aimable du divertissement, et la boule de sauvagerie qui le traverse et surgit par éclats. C'est à partir de cette contradiction entre la puissance des fantasmes qu'il libère et la volonté de se faire accepter qu'il construit son cinéma. Et c'est cette nécessité d'être reconnu et accepté, semblable au désir de son personnage-miroir incarné par Jean-Pierre Léaud, Antoine Doinel, d'entrer dans les familles, qui est à l'origine du malentendu qui voudrait faire croire à la sagesse, à l'unanimisme de son cinéma.. L'organisation de l'ouvrage est chronologique et chaque chapitre aborde un film sous un angle mettant en valeur un aspect de la méthode de Truffaut. Une abondante iconographie enrichit le propos de l'auteur et de nombreux documents inédits sont ici reproduits, désormais accessibles aux amateurs des films de Truffaut..