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J.-C. Carrière retrace son parcours et ses rencontres dans le monde littéraire et cinématographique. Sous forme d'abécédaire, il passe d'un pays à un personnage, d'une activité à une anecdote pour raconter des épisodes choisis de sa vie.
«Ce livre est une commande, mais j'ai dit oui sans hésiter, et je me suis vite pris au jeu. Car c'est un jeu : il s'agit de choisir sa vie, exercice difficile au début d'un parcours, mais qui devient plus facile, et plus ludique, quand on approche de la fin. Il est possible de mettre ceci en lumière et de laisser cela dans l'ombre. Nous pouvons passer sous silence des bavardages. Effacer des images nulles. Et puis, ai-je pensé, cela m'évitera d'écrire mes mémoires, ce qui est toujours la barbe. J'aime mieux vivre ma vie que la raconter.. Le mot désordre, qui pour certains évoque un cauchemar domestique, me convient. Je dirais même qu'il me rassure car tout ordre m'effraye. Certains disent que ce mot me va bien, que j'ai sautillé, toute ma vie, d'une chose à l'autre. J'aimais aussi zigzags, mais le mot évoque trop franchement les chancellements d'un ivrogne. Inventaire aussi, qui est assez modeste. Cependant, en le disant, je me vois passant en revue des livres de comptes, ce qui ne me ressemble pas (j'espère).. Surtout, c'est l'idée d'une vie classée "par ordre alphabétique", comme nous avons coutume de dire, qui m'a séduit. Passer ainsi d'un pays à un personnage, d'une activité à une anecdote, sans savoir à l'avance quelle "entrée" (cela se dit dans les dictionnaires et dans les grands repas) va suivre celle que je suis en train de rédiger : un vrai jeu de pistes. Ou un puzzle. Il me semblait que je cherchais ma vie, que je passais d'un âge à l'autre, d'un lieu à l'autre, d'un ami, d'une amie à l'autre, comme dans un musée sans thème, et que ma vie désordonnée surgissait de nouveau devant moi, fraîche et belle. J'en jetais des morceaux dans le vent. J'étais même curieux de tout ce que j'avais connu, et de tout ce que j'allais encore connaître.». Jean-Claude Carrière.