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La composition des produits cosmétiques, leurs appellations, leurs différentes vocations et usages sociaux dans le Paris de l'Ancien Régime sont relatés pour révéler la lente progression de ces éléments thérapeutiques ou instruments de beauté dans le monde de la consommation.
La poudre et le fard . Blancs d'Espagne et de céruse, rouge de carmin et rouge végétal, poudres d'odeur et à poudrer, pommades de concombres et de limaçons..., autant de produits colorés, parfumés et parfois toxiques, pour le visage ou les cheveux, dont les femmes et les hommes de l'époque moderne ont fait usage dans l'élaboration de leur parure. Grâce à l'exploitation d'un vaste corpus de sources, imprimées et manuscrites, et à des approches méthodologiques croisées, ces cosmétiques sont ici l'objet d'une histoire inédite et globale.. Ce livre rend compte aussi bien de leur composition que de leurs appellations, de leurs vocations et de leurs usages différenciés dans le Paris de l'Ancien Régime. À l'origine destinés à paraître à la cour et à témoigner de la valeur supérieure de la noblesse dans une société d'ordres, les cosmétiques autorisent progressivement la construction d'apparences plus individualisées, sinon naturelles, et renforcent la promotion de nouveaux critères de beauté. La lumière est aussi portée sur les modalités de leur production. Un temps confinée dans l'espace domestique, rattachée à la cuisine et à la thérapeutique, empreinte d'un esprit magique, la confection des cosmétiques glisse bientôt dans l'univers concurrentiel des arts et métiers, et en particulier entre les mains des gantiers-parfumeurs. Dans leur laboratoire et leur boutique, ces artisans mettent au point tout un ensemble de savoirs et de techniques, aussi hybrides et composites que le sont les matières premières qu'ils emploient : amidon et graisses diverses, pigments, épices et parfums. Ils oeuvrent aussi à la création d'un environnement et d'un vocabulaire marchands spécifiques, à la définition de stratégies commerciales qui leur permettent de conquérir un public qui n'appartient plus seulement à la sphère des privilégiés.. Avec l'entrée progressive dans un monde de consommation, les cosmétiques se diffusent dans la société : un marché de la beauté émerge au XVIIIe siècle que les différentes institutions de la monarchie éclairée tentent de contrôler, en des termes économiques, scientifiques et sanitaires..