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Je mets mes souliers. Je n'ai pas le temps de les attacher. Je cours jusqu'aux toilettes et je vomis. Je pleure aussi. Comme un enfant. En criant. Exténué. Il n'y a pas de nausée. Mais je ne peux m'empêcher de vomir. Je fais beaucoup de bruit. Je remplis la cuvette. Je ne sais pas de quoi. Il me semble ne pas avoir autant mangé depuis le matin. Je vomis des restes de la semaine dernière, des trucs du mois passé, des viandes d'une vie antérieure. Je chasse l'eau. C'est tout ce qui est en moi qui part. Je vomis encore. Cinq fois. Je pleure. Je ne peux m'arrêter de pleurer. C'est comme pour la vomissure qui se presse. Je suis assis par terre, renversé sur le parquet. Mes bras retiennent la cuvette pour ne pas qu'elle s'envole. Je m'accroche à elle. Ma tête se relève un instant. Je respire un peu, et replonge. J'évacue tout mon amour pour Marie-Hélène. Et ça saigne. Ça passe par l'œsophage, par la gorge et par le nez. Ça sort en bile, en déjection multicolore. L'amour. Parce que je n'ai aucun autre choix. Je renvoie mécaniquement, afin de survivre. Je me sépare en plusieurs morceaux. Je m'enferme dans le bruit que je fais. Ce sont des bruits de corps humain se déversant. Mes doigts retenant la cuvette, mes cheveux partout, mes genoux fléchis, l'échine compactée.