couverture

Jeanne sur les routes

Saucier, Jocelyne

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Résumé

Qui sait que la ville de Rouyn était marxiste au début des années trente et que, à cette époque, Russes, Finlandais, Ukrainiens, Chinois et Juifs sillonnaient la ville ? Qui sait surtout qu'un journaliste est tombé sous le charme de Jeanne Corbin, marxiste, et que sa vie a été dès lors totalement changée ?

Quatrième de couverture

D'un roman à l'autre, Jocelyne Saucier nous entraîne dans un univers complètement différent. Son premier roman, La vie comme une image, une bulle intimiste qui raconte l'histoire d'un meurtre invisible, a été finaliste au Prix du Gouverneur général du Conseil des Arts du Canada. Les héritiers de la mine, finaliste au Prix France-Québec Philippe-Rossillon, est un suspense psychologique où le monde souterrain rejoint une douleur qui refuse de se nommer. Et voici que dans ce nouveau roman, l'auteure nous plonge dans une quête d'amour impossible au coeur de la Babel communiste qu'était Rouyn-Noranda dans les années trente. Jocelyne Saucier est née au Nouveau-Brunswick mais vit en Abitibi. Rouyn n'a gardé aucun souvenir de cette époque où elle a été rouge. J'ai parfois l'impression d'être née ailleurs. Il ne reste rien du Temple finlandais du travail, non plus que du Temple ukrainien du travail. Tous ces lieux qui ont nourri mon enfance d'histoires extraordinaires n'existent plus. Les deux hommes qui avaient croisé leurs poignets en sang et les avaient levés bien haut pour saluer l'Internationale. La femme qui avait ouvert sa blouse en criant « Vive la révolution ». Cette autre qui avait apporté le bras de son mari, arraché dans un éboulis à la mine, et qui, debout sur l'estrade, réclamait vengeance. Le petit homme, velu comme un singe, laid comme un pou, presque aphone, qui avait tenu son auditoire en haleine jusqu'aux petites heures du matin avec les merveilles qu'il avait vues en URSS. La clameur insoutenable, assourdissante, un vrombissement de tonnerre, qui avait accueilli le vote de grève des mineurs. Les longues veilles pendant la grève et les plans apocalyptiques pour échapper à Turnbull et à ses macaques. Et Jeanne, de plus en plus légère dans sa robe, de plus en plus pâle, qui venait les appuyer, repartait pour une autre cause à défendre, à Timmins, à Hearst, à Thunder Bay, revenait avec du renfort, un dignitaire du parti, un bûcheron qui avait fait la grève à Spruce Fall, elle était continuellement en mouvement, un tourbillon toujours plus pâle, plus fragile, plus pathétique, et notre père qui attendait ses réapparitions. L'année héroïque a été celle de la grève des bûcherons, de la grève des mineurs, des affrontements dans les rues, des éditoriaux hargneux de D. A. Jones et de l'humiliation, les grèves écrasées brutalement, ignominieusement, sauvagement, et notre père chassé du Rouyn-Noranda Press.