Figures de l'indien

Depuis les négociations constitutionnelles avortées de Meech et de Charlottetown, depuis la crise d'Oka et toutes les autres crises qui polarisent les Premières Nations et la population du Québec et du Canada, un sentiment de culpabilité parfois, d'intolérance tantôt, empoisonne les relations entre les descendants des premiers habitants du pays et de ceux qui sont venus s'y installer. Est-il possible qu'une cohabitation de quatre siècles n'ait produit que de la confusion, de l'incompréhension ? Faut-il reprendre les débats comme si les Blancs que nous sommes venaient de débarquer et que les autochtones en étaient encore à une sorte d'âge d'or d'avant la colonisation ? Les textes de ce collectif tentent de montrer que, dès le départ, la façon de nous voir et de nous comprendre était biaisée par des mentalités dont nous sommes, tous, les héritiers souvent involontaires. Les recherches dont on fait ici état montrent qu'il n'existe pas de grandes différences entre les divers intervenants à l'époque des premières rencontres. Des figures d'Indiens - nom déjà mal choisi - se sont cristallisées dans les discours comme dans les images. Les rhétoriques n'ont pas beaucoup changé, qu'en est-il des mentalités ? Le lecteur d'aujourd'hui pourra y retrouver les traces de ses propres préjugés et, en même temps, le moyen d'y échapper.

Gilles Thérien est professeur au Département d'études littéraires de l'Université du Québec à Montréal.

Depuis les négociations constitutionnelles avortées de Meech et de Charlottetown, depuis la crise d'Oka et toutes les autres crises qui polarisent les Premières Nations et la population du Québec et du Canada, un sentiment de culpabilité parfois, d'intolérance tantôt, empoisonne les relations entre les descendants des premiers habitants du pays et de ceux qui sont venus s'y installer. Est-il possible qu'une cohabitation de quatre siècles n'ait produit que de la confusion, de l'incompréhension ? Faut-il reprendre les débats comme si les Blancs que nous sommes venaient de débarquer et que les autochtones en étaient encore à une sorte d'âge d'or d'avant la colonisation ? Les textes de ce collectif tentent de montrer que, dès le départ, la façon de nous voir et de nous comprendre était biaisée par des mentalités dont nous sommes, tous, les héritiers souvent involontaires. Les recherches dont on fait ici état montrent qu'il n'existe pas de grandes différences entre les divers intervenants à l'époque des premières rencontres. Des figures d'Indiens - nom déjà mal choisi - se sont cristallisées dans les discours comme dans les images. Les rhétoriques n'ont pas beaucoup changé, qu'en est-il des mentalités ? Le lecteur d'aujourd'hui pourra y retrouver les traces de ses propres préjugés et, en même temps, le moyen d'y échapper. Dix-huit textes qui explorent la façon dont les Européens abordent les habitants du Nouveau Monde, une bibliographie à jour, voilà un collectif dont les données sont éclairantes. Figures de l'Indien est publié sous la direction de Gilles Thérien, professeur au Département d'études littéraires de l'Université du Québec à Montréal.