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Comment penser que la Nouvelle-France était esclavagiste, alors que le Royaume de France s’affirmait «terre de liberté» et affranchissait tout esclave qui venait s’y réfugier? On s’est plu longtemps à croire que cette situation rendait impensable l’existence d’une telle activité au Canada. Une lecture attentive de la documentation historique dresse néanmoins un autre portrait.
Marcel Trudel s’est consacré à l’histoire presque par accident, après que la thèse en littérature de l’aspirant romancier, L’influence de Voltaire au Canada (1945), lui ait fait fréquenter les sources qui faisaient autorité à l’époque. Il eut ainsi l’occasion d’en constater les insuffisances scientifiques. Après la publication de son premier roman, Vézine (Éditions Fides, Prix David 1946), il entame avec Louis XVI, le congrès américain et le Canada, 1774-1789 (Éditions Fides, 1945) une longue et féconde carrière d’historien, durant laquelle il a constamment cherché à affranchir l’histoire de la Nouvelle-France des scories patriotiques et dévotes dont le XIXe siècle et le début du XXe l’avaient encombrée. Malgré les résistances qu’elle a parfois suscitées par son aspect iconoclaste, l’œuvre de Marcel Trudel s’est imposée comme une référence pour plusieurs générations d’historiens.
Comment penser que la Nouvelle-France était esclavagiste, alors que le Royaume de France s’affirmait «terre de liberté» et affranchissait tout esclave qui venait s’y réfugier? On s’est plu longtemps à croire que cette situation rendait impensable l’existence d’une telle activité au Canada. Une lecture attentive de la documentation historique dresse néanmoins un autre portrait. Elle révèle hors de tout doute que le Québec d’autrefois aussi a pratiqué l’esclavage sous le régime français et qu’il a continué après la conquête britannique. Quand l’esclavage a-t-il commencé ici? Les premiers esclaves sont tellement rares qu’on ne pourrait en situer la pratique générale qu’à partir des années 1680. Il y eut d’abord l’apparition de quelques individus en esclavage, puis la servitude qui devint une institution régulière dans la société de la Nouvelle-France et qui se perpétua jusque dans le premier quart du XIXe siècle.
