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Ce recueil de trente-sept textes illustre avec ardeur l'engagement politique du docteur Ferron, ses relations avec le Québec d'avant la Deuxième Guerre mondiale, mais aussi sa connaissance intime des oeuvres de Gabrielle Roy, de Louis-Ferdinand Céline, de Louis Hémon et de Damase Potvin, des contes de La chasse-galerie, de la dialectique du chanvre, de Molière, d'Albert Camus, de Marguerite Yourcenar, d'Anne Hébert, de Saint-Denys-Garneau, d'Albert Memmi et de son célèbre Portrait du colonisé. Dans « Claude Gauvreau », le docteur rend un hommage posthume au poète, mort en 1971, qu'il a bien connu et dont il a suivi les séjours à Saint-Jean-de-Dieu. Enfin, dans « Les salicaires », il se livre à une douloureuse confession autobiographique, autour d'une réflexion sur la mort, la folie et la création. Selon Jean-Marcel Paquette, ami de l'écrivain et exégète de l'oeuvre, « ce texte est un sommet du lyrisme ferronnien et constitue sans aucun doute l'un des plus forts de toute la littérature québécoise ».
Né à Louiseville en 1921, Jacques Ferron jouit d'une affection particulière dans le ciel de la littérature québécoise. Par l'ampleur de son oeuvre et de son engagement social comme médecin, éveilleur de conscience et militant, il a imprimé sa marque sur les liens que tisse la littérature avec le réel d'un peuple. Ses personnages sont devenus des archétypes de son « pays incertain », portés par les mots des traditions orales et écrites. Il a fouillé avec un instinct sûr et retors les mythologies des provinces du Québec, cartographiant les blessures et les folies de son imaginaire avec la finesse parfois cynique, souvent voltairienne, d'un brillant et fécond homme de lettres.
Jacques Ferron était un monsieur courtois et, en même temps, un grand polémiste. Qu'il parle de la langue québécoise, de l'art, du colonialisme, des Amérindiens, de la folie ou de son double métier d'écrivain-médecin, sa plume est acérée, et son style, éblouissant ; il a le sens de la formule. Ces courts textes écrits du fond de son arrière-cuisine, qu'il appelle humblement ses « petites écritures », sont désinvoltes, irrévérencieux, parfois grinçants, et d'autant plus efficaces qu'ils n'excluent ni la tendresse ni l'autodérision. On y retrouve Ferron à la hauteur de lui-même. Un régal. FRANCINE NOËL