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Oedipe puis Oedipe recommencé (1971) d'Aquin, deux versions toujours inédites d'un même téléthéâtre qui, à la fin, ne donnera pas lieu à une réalisation télédiffusée. Or ces Oedipe se trouvent au centre d'un important parcours de l'écriture aquinienne. Il y avait eu, avant eux, un projet de téléthéâtre Hamlet (1970) qui avortera avant même qu'une ligne du téléthéâtre ne soit écrite. Aquin, connaisseur émérite des liens, selon Freud, liant Hamlet et Oedipe, transformera le projet avorté et sans écriture aucune en un projet Oedipe qui mettra à contribution les recherches qu'ils avaient menées pour le projet antérieur. Si le projet Oedipe se rend plus loin que le projet Hamlet, il ne connaît pas la réalisation télédiffusée. Qu'à cela ne tienne : les recherches menées pour Hamlet ont servi aux Oedipe, ceux-ci, avec les notes hamlétiennes, serviront à l'écriture du roman Neige noire (1974), de nombreux passages de ce dernier en témoignent. Qui plus est : la forme même de Neige noire en témoigne aussi, se présentant souvent telle l'écriture d'un téléthéâtre. Aquin réalise par la seule écriture ce que la réalisation télé lui avait interdit. En bien bref : les notes pour Hamlet et les Oedipe peuvent se lire comme des sources, des avant-textes du brillant et célébré Neige noire. Dans lequel on joue Hamlet aménagé par Aquin, dans lequel on retrouve l'énigme de la Sphinx d'Oedipe recommencé, qui, évidemment, aménage celle de Sophocle. L'édition des Oedipe apparaît dès lors comme une nécessité visant à combler un grand vide : le long intervalle, le lent parcours d'écriture qui mène à l'oeuvre remarquable intitulée Neige noire.
