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Roman emblématique de la littérature migrante du Québec des années 1980 et 1990, La Québécoite demeure une oeuvre incontournable pour aborder les enjeux identitaires et textuels de l'écriture postmoderne. Dans un récit protéiforme surprenant et déroutant, Régine Robin, d'origine française, mais aussi juive d'Europe de l'Est par ses parents, rend compte de sa difficile intégration dans trois lieux témoins de Montréal (Snowdon, Outremont, marché Jean-Talon), tout en proposant une grande réflexion sur l'identité et la figure de l'émigrant dans le contexte social québécois. En utilisant les techniques du collage et de l'intertextualité, l'écriture de Robin abolit les frontières du genre, passant de la poésie au récit historique, et explore de manière unique le thème, si problématique, de l'altérité.
Régine Robin est sociologue, historienne et linguiste. Elle a reçu en 1994 le prix Acfas Jacques-Rousseau pour ses travaux ayant, au-delà de son domaine de spécialisation, établi des ponts entre différentes disciplines. Romancière et essayiste, elle a publié une vingtaine d'ouvrages, dont Le réalisme socialiste. Une esthétique impossible (Payot, 1986 ; Prix littéraire du Gouverneur général), Le naufrage du siècle (Berg international / XYZ, 1995), L'immense fatigue des pierres (XYZ, 1996), Le Golem de l'écriture. De l'autofiction au Cybersoi (XYZ, 1997 ; prix Spirale-Eva-Le-Grand) et Berlin chantiers (Stock, 2001 ; Grand Prix du livre de Montréal).
La parole immigrante inquiète. Elle ne sait pas poser sa voix. Trop aiguë, elle tinte étrangement. Trop grave, elle déraille. Elle dérape, s'égare, s'affole, s'étiole, se reprend sans pudeur, interloquée, gonflée ou exsangue tour à tour. La parole immigrante dérange. Elle déplace, transforme, travaille le tissu même de cette ville éclatée. Elle n'a pas de lieu. Elle ne peut que désigner l'exil, l'ailleurs, le dehors. Elle n'a pas de dedans. Parole vive et parole morte à la fois, parole pleine. La parole immigrante est insituable, intenable. Elle n'est jamais où on la cherche, où on la croit.