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Un disque joue. L’enfant écoute. Guitares, percussions, le glissando d’un harmonica, les lignes mélodiques s’additionnent jusqu’à l’éclosion: une voix chante, suivie d’une autre aussi discrète, à peine plus flûtée — on pourrait presque croire que c’est la même. Le monde se découvre. Kate et Anna McGarrigle font de la musique comme l’orant formule sa prière: elles ferment les yeux et disparaissent.Jailli dans la proximité de leurs voix,Kate et Anna font de la musique est un long poème écrit d’un souffle. L’élan se heurte à la ponctuation des vers très courts, hachures, suspensions qui marquent chaque instant comme autant de présents absolus.« Je bégaie comme un désespéré devant une rose. / Je résiste. / Je m’acharne. / Les cloches m’aiment. / Je veux la démence. / Une bague. / Un songe. / Aucune miséricorde. / J’ai faim. / Je regorge. / J’hallucine. » À l’écoute des mouvements intimes que suscite l’expérience esthétique, Philippe Drouin nous convie à une sortie de soi avec ce poème aussi cassant que lyrique, aussi grave qu’emporté.
Philippe Drouin est né à Mont-Louis, en Gaspésie, et vit actuellement à Paris. Son premier titre, Les bras de Bernstein, a remporté le prix remis conjointement par l'Association québécoise des professeurs de français et l'Association nationale des éditeurs de livres (Prix AQPF-ANEL), et s'est retrouvé en finale au Prix de poésie Estuaire - Bistro Leméac.