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Le navire a été lancé le 7 mars 1927. C'était un lundi. Le bâtiment n'avait guère navigué quand il partit pour un long voyage. Vingt ans plus tard, il eut besoin d'un gros radoub avant de se remettre en route. Il fit escale en France, en Italie, en Suisse, en Afrique, en Russie, en Amérique du Sud. Ô Paris ! Ô Rome ! Ô Fribourg ! Ô Cotonou ! Ô Moscou ! Ô Leningrad ! Ô Valparaïso ! Ô Québec ! Ô Chicoutimi ! Tout au long de ses périples, bien des passagers sont montés à bord; plusieurs sont descendus ; d'autres sont morts. Le présent volume contient le livre de bord du dernier voyage. Le navire est maintenant à quai. Sa cargaison n'est pas encore déchargée, mais le dégréement est commencé. Avec Dernière Escale, je publie la neuvième tranche d'un journal que je tiens depuis plus de 45 ans, parfois de façon fort irrégulière et je le regrette. Un ami me disait qu'il trouvait funèbre le titre de cette tranche. Je lui répondis qu'un homme de mon âge a connu bien des déplacements, bien des changements d'orientation et même de carrière. Passer du ministère de l'Éducation à La Presse et de La Presse au Campus Notre-Dame-de-Foy, par exemple, furent des changements importants, mais aucun de ces changements n'a été vécu comme une dernière escale. Tandis que passer de la résidence Champagnat du Campus Notre-Dame-de-Foy (où j'étais un simple locataire retraité) à une chambre d'infirmerie, cela s'appelle une dernière escale.Le temps, c'est la mer qui filerait sous le bateau immobile. Nous ne bougeons pas et le voyage nous traverse à toute vitesse. - Jean CocteauVoilà donc mon navire à quai. À Dieu vat!Jean-Paul Desbiens est né à Métabetchouan au Lac-Saint-Jean en 1927. En 1961, il a reçu le prix Liberté pour Les Insolences du Frère Untel, un ouvrage qui a connu un immense succès et qui a valu à son auteur un séjour à Fribourg où il a obtenu un doctorat. Il fut l'un des responsables de la création des cégeps avant de devenir éditorialiste au journal La Presse. Il retourna par la suite au monde de l'enseignement d'où il a suivi l'actualité d'un regard critique. Il est décédé le 23 juillet 2006.
Jean-Paul Desbiens est né à Métabetchouan au Lac-Saint-Jean en 1927. En 1961 il a reçu le prix Liberté pour Les Insolences du frère Untel, ouvrage qui a connu un immense succès et qui a valu à son auteur un séjour à Fribourg où il a complèté un doctorat.