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Je n’écris pas ma conversion en mère, ce serait trop beau de correspondre à ce point à sa mise en scène, non, je suis mère parce que j’écris. C’est en poursuivant la cicatrice, en la traçant dans un carnet de conversion que la mère existe. Il y a eu l’incision, puis toi, et la cicatrice qui en reste n’est que superficielle, elle tient très bien à la peau, mais pas au reste. C’est peut-être parce qu’elle ne tient pas qu’il faut constamment la tailler et la recoudre et la retailler et l’écrire.
Je suis comme Cioran, constamment tentée de me mettre à genoux comme une première communiante, mais pour faire des fuck you. C’est mon mouvement vital, ce va-et-vient qui fait perdre pied, qui lève le coeur parfois, comme une sorte de mal de mer dont j’ai peur qu’il devienne pour toi un mal de mère. Je ne sais pas comment te l’épargner, ce mal, comment faire une bulle autour de toi pour te donner le monde et te protéger de moi, de mes élans de mysticisme et de résistance, et en même temps te le donner, ce débris de monde. Si je réussis, tu me trahiras. Si tu m’aimes, tu me trahiras.. Sara Danièle Michaud vit à Montréal et enseigne la littérature au collégial..
