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C’est la portée sociale de cette épreuve qu’explore le présent ouvrage, en s’attardant aux politiques de l’extranéité qu’elle présuppose, chez des penseurs comme Benjamin, Patocka, Agamben ou Loreau, et aux poétiques de l’extériorité dont des artistes comme Fabre, Tunick, Beecroft ou Zhang Huan et des écrivains comme Volodine, Novarina, Fleischer, Quignard, Savitzkaya ou Clémens, après Melville lui-même, ont fait l’enjeu de leurs œuvres les plus «dérangeantes».
Melville disait avoir écrit Moby Dick en outlandish. Outland n’est pas le nom d’une utopie, d’un lieu qui n’aurait pas lieu, d’un no man’s land imaginaire. Ce n’est pas non plus un lieu exotique qu’on pourrait visiter en y naviguant comme firent Achab et Ismahel sur le Péquod, à la recherche de la grande baleine. C’est plutôt le grand Dehors lui-même où, au plus intime de soi, on se parle une langue étrange ou étrangère dans laquelle on est peu à peu venu au monde. Car on naît de l’extériorité radicale d’une langue héritée d’un temps et d’un espace sans frontières précises, porteuse d’une mémoire et d’une imagination qui nous dépassent infiniment, dont on fera le cœur de son intimité, la source de ce «monde intérieur» où l’on se plaît à loger les plus secrètes de ses pensées. Cette expérience fondatrice de l’extranéité de la langue qu’on doit apprivoiser pour se familiariser avec sa propre étrangeté constitue l’une des grandes énigmes de notre histoire, dont la littérature et l’art sont la formulation la plus aiguë. C’est la portée sociale de cette épreuve qu’explore le présent ouvrage, en s’attardant aux politiques de l’extranéité qu’elle présuppose, chez des penseurs comme Benjamin, Patocka, Agamben ou Loreau, et aux poétiques de l’extériorité dont des artistes comme Fabre, Tunick, Beecroft ou Zhang Huan et des écrivains comme Volodine, Novarina, Fleischer, Quignard, Savitzkaya ou Clémens, après Melville lui-même, ont fait l’enjeu de leurs œuvres les plus «dérangeantes».