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L’histoire s’écrit de plus en plus au prisme de la subjectivité de l’auteur, comme si, pour l’écrire, il fallait révéler l’intériorité de ceux qui la font, mais aussi celle de ceux qui l’écrivent. Ni histoire au sens conventionnel du terme, ni autobiographie, c’est un nouveau genre hybride qui a pris forme en remportant un succès considérable.La séparation entre histoire et roman est brouillée par une nouvelle interaction : les enquêtes historiques sont écrites comme des romans, avec des intrigues haletantes dont le héros est souvent l’auteur lui-même, et les romans sont de plus en plus inspirés par l’histoire. Il suffit de penser à des auteurs comme Laurent Binet, Emmanuel Carrère, Javier Cercas, Daniel Mendelsohn, W.G. Sebald, etc.Cet essor du moi soulève des questions fondamentales sur le rapport entre vérité historique et vérité romanesque ou sur le statut épistémologique de l’écriture à la première personne. Il soulève aussi d’autres questions plus profondes concernant le monde dans lequel nous vivons. L’histoire est affectée par une nouvelle forme de vie axée sur l’individualisme. Ce texte, qui n’est ni un portrait à charge ni un pamphlet, interroge les tenants et les aboutissants de cette mutation dans l’histoire.
Enzo Traverso est né en Italie en 1957, il a enseigné les sciences politiques à l’Université Picardie Jules Verne. Il est professeur de sciences humaines à Cornell University (New York). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, traduits en une douzaine de langues. Parmi ses derniers travaux, L’Histoire comme champ de bataille. Interpréter les violences du XXe siècle (La Découverte, 2010) et La Mélancolie de gauche. La force d’une tradition cachée, XIXe – XXIe siècle (2016).