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Depuis l’enfance, on me perçoit comme une étrangère. Partout où je vais, on me reproche de ne pas parler français, de ne pas connaître les codes. Lorsque je tombe amoureuse pour la première fois, je trouve enfin un refuge. À ses côtés, j’ose regarder le Québec dans les yeux, j’ose écrire dans une langue qui ne m’appartient pas. Mais quand on naît dans un corps comme le mien, l’amour n’est pas libre. Pas plus que la prise de parole.
Comparution est un carnet de mémoire et d’images, une vaine tentative de saisir le traumatisme de l’exil et de la violence conjugale. C’est ma version des faits, celle dont la Cour n’a pas voulu.
Angelina Guo est née à Montréal en 2001. Elle vit à Paris, où elle prépare un master en littérature française à l’université de la Sorbonne et à l’École normale supérieure. Comparution est son premier livre.
Lorsque j’ai reçu le formulaire de déclaration de la victime, j’étais seule à la maison. Je suis montée m’asseoir à la fenêtre de ma chambre d’enfant. C’était l’été, le quartier était silencieux. J’ai déchiré l’enveloppe en petits morceaux pour que mes parents ne la trouvent pas. La dernière section s’intitulait « Dessin, poème ou lettre ». J’ai lu la consigne : Vous pouvez utiliser cet espace si cela peut vous aider à dépeindre les répercussions que l’infraction ou la conduite de l’accusé a eues sur vous. J’ai très vite dépassé le nombre de lignes. Il n’y avait pas assez de place pour parler de la Chine, de mon français étrange, de l’histoire d’amour qui a précédé la plainte. Quatre ans plus tard, je suis arrivée à cette version. J’ai essayé de ne pas faire de fautes. La vérité, elle, m’échappe encore..