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« C’est que notre époque se trompe sur elle-même : elle se croit rationnelle et l’est fort mal ; révolutionnaire, et n’est sans doute que totalitaire. Le totalitarisme, ce virus, rend les uns euphoriques de bien-être et les autres enragés de destruction. Que faire alors, pour le salut de l’homme ? Que peut en particulier un poète, pour qui ce salut et la parole humaine ne font qu’un ? La même chose, toujours : forcer accès à la lumière jusqu’au coeur de notre nuitorganisée contre elle. Il n’est d’espérance, de confiance en l’homme, d’authentique optimisme qui ne passe par cette nuit pour en débusquer notre nature et l’aiguillonner vers la vérité. »Ô mes frères dans les prisons vous êtes libreslibres les yeux brûlés les membres enchaînésle visage troué les lèvres mutiléesvous êtes ces arbres violents et torturésqui croissent plus puissants parce qu’on les émondeet sur tout le pays d’humaine destinéevotre regard d’hommes vrais est sans limitesvotre silence est la paix terrible de l’éther.
Pierre Emmanuel est né à Gan (Basses-Pyrénées), le 3 mai 1916. Après des études de lettres à l’université de Lyon, il entama une carrière d'enseignant. Venu à la poésie par la lecture de La Jeune Parque de Valéry, il se familiarisa avec les romantiques allemands (Hölderlin) et les auteurs anglais (Hardy, Hopkins). C'est Pierre-Jean Jouve, qu'il rencontra en 1937, qui devait le guider dans ses débuts poétiques ; son premier recueil, Élégies, parut en 1940, mais c'est avec Tombeau d'Orphée (1941) qu'il acquit une véritable reconnaissance. Réfugié dans la Drôme pendant l'Occupation, il poursuivit ses activités d'enseignant et participa à la Résistance. Cette expérience devait lui inspirer ses poèmes parmi les plus visionnaires, Jours de colère, Combats avec tes défenseurs, La liberté guide nos pas. L'œuvre poétique de Pierre Emmanuel demeure l'une des plus importante du XXe siècle. On rappellera Le Poète fou, Mémento des vivants, Poésie raison ardente, Qui est cet homme, Car enfin je vous aime, Babel, grande fresque en cinq parties, dans laquelle le poète tente une « épopée spirituelle de l'histoire humaine », La Colombe, Visage nuage, Versant de l'âge, Évangéliaire, Le Poète et son Christ, Le Goût de l'un, La Nouvelle Naissance, La Face humaine, Jacob, Sophia, La Vie terrestre, Tu, Livre de l'homme et de la femme, Una ou la Mort la Vie, Duel, L'Autre, L'Arbre et le vent, Le Grand Œuvre, Cosmogonie. En marge de ses activités de poète, Pierre Emmanuel exerça également le métier de journaliste, collaborant à Témoignage Chrétien, Réforme, Esprit. Chef des services anglais puis américains de la RTF de 1945 à 1959, il donna plusieurs conférences aux États-Unis, et au Canada, et fut visiting professor de différentes universités américaines. Engagé à plus d'un titre dans la vie culturelle de son temps, il fut encore président de l'Association internationale pour la liberté de la culture, président du Pen club français de 1973 à 1976, président de la commission des Affaires culturelles pour le VIe plan, président de l'INA et administrateur du festival d’Automne. Pierre Emmanuel fut élu à l’Académie française le 25 avril 1968. En 1975, il se déclarait « démissionnaire » de l'Académie, pour protester contre l'élection de Félicien Marceau. Pierre Emmanuel s’est éteint le 22 septembre 1984 d’un cancer généralisé, dans l’appartement de la rue de Varenne qu’il partageait avec sa femme peintre Janine Loo.