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Chaux

Des Rosiers, Joël

  • Éditeur : TRIPTYQUE
  • Collection : Poésie
  • 96 pages
  • ISBN 9782897410476
  • Paru le 13 octobre 2015
  • 29,00 $ *
  • Arts

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Résumé

La chaux est l’encre des écrits divins. C’est donc à un Dieu à la main coupée, à ce point humain, que tout poète s’adresse comme limite de tout savoir. Plutôt que de prendre la parole, Joël Des Rosiers a voulu être enveloppé par elle, être porté par elle. La tentation est grande de se tourner vers ses poèmes antérieurs, ses champs de parfums et de sonorités, le gaïac, les savanes, le vétiver. Cela reviendrait à ignorer les traces d’une fulgurance plus ancienne : une terre vivante, une chaleur organique, la chaux, entre délire et prophétie, était entrée en lui dès les premiers jours, dans cet espace du dedans. Avec Chaux, le même poème différent se continue en déjouant toute attente. L’écriture en est plus avide, plus déchiquetée, plus rapace. Plus dévêtue aussi. Si parfois les thèmes s’estompent, c’est pour revenir plus tard, à coups de visions, sous la forme de leitmotiv, affermis, mais non identiques. Le livre est divisé en trois parties : Iles (os du bassin), incarnation intensément marquée par la biologie ; Voiles, pour dire l’inquiétude d’une apparition autant que d’une disparition ; et enfin Batteries, qui clôt la démarche du héros épique au rythme des « tambours furieux ». Ces répétitions, variations, coupures et retours en arrière permettent de retrouver un poème enchanté, un chant indigène. Comme si toute l’œuvre était placée sous le signe du poudroiement de la chaux.Depuis l’écriture divine sur les murailles de chaux, tant de poètes ont assumé les enjeux de fécondité de la chaux, mortier humble et universel de l’humanité. Tantôt en se réfugiant dans « une maison solitaire et chaulée » (Pessoa), tantôt en exaltant « les magnificences de la chaux » (Saint-John Perse). La parole passe, de poème en poème. Il y a dans ce livre un moment de vérité où la vocation originale du poète lui est révélée : « Je n’ai plus de souffle », écrit-il dans une sereine indifférence. Foudroyante ellipse, à peine soulevée de l’enfance où l’air manquait, qui célèbre un geste et condense toute la charge éperdue de Chaux.

Biographie de l'auteur.e

Poète, essayiste et psychiatre, Joël Des Rosiers est né aux Cayes (Haïti) en 1951, et vit au Québec depuis l’adolescence. Il a fait de la caye la figure la plus présente, la plus fragile et la plus émouvante de son univers poétique. Il est l’auteur d’une œuvre considérée comme l’une des plus importantes de la poésie en langue française des dix dernières années, en raison de son érudition, de sa maîtrise du langage et d’un projet poétique lucide qu’il a élaboré dans un essai intitulé Théories caraïbes. Poétique du déracinement (Triptyque, 2009 [1996]). Sa poésie est parcourue «d’un amour de la langue qui est science, médecine et sensualité» (François Hébert). Depuis 1987, les Éditions Triptyque ont publié tous ses recueils de poésie. Son œuvre a reçu de nombreux prix et distinctions, notamment le Prix du Festival international de poésie et le Grand Prix du livre de Montréal pour Vétiver. Son essai Métaspora. Essai sur les patries intimes (Triptyque, 2013), le prix MLA for Independant Scholars. Il fut lauréat du prix Athanase-David en 2011 pour l’ensemble de son œuvre.