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À croire que j’aime les faillesÀ louer les tremblementsÉrigés en plein ou en creuxLa route n’est droite dans aucun sensSes accotements abîmesDe souffles coupésSes pentes vertiges renversésDes accidentsM’échouent sur le chemin qui mèneJ’aimerais vous dire je m’y retrouverai la prochaine foisOu nonJamais exactement là où elle devrait être, jamais attendue telle quelle, jamais tout à fait comme il faut. Ni d’eux, ni d’elles, ni d’iels, la voix poétique investit l’univers de la faille, cette imperfection qui devient ici un espace où repenser les possibles. Les trois suites poétiques du recueil sont tour à tour transgressives, grammaticales, joyeusement de guingois, et questionnent le matériau, celui avec lequel on forge une langue, celui contre lequel s’érodent les souvenirs.La poésie de Bérard explore le queer, «peut-être le mot […] qui résume le mieux ce sentiment de ne pas totalement réussir à être comme il faut». C’est de ce point de départ, l’impression d’être «un peu en avance ou en retard ou juste un peu à côté, de travers, à l’écart» que s’ouvre le chemin de l’écriture.Après avoir remporté le prix de poésie Trillium 2018 avec «Oubliez» (Prise de parole), un magnifique premier recueil sur l’effacement, Sylvie Bérard démontre qu’elle sait créer une poésie d’une grande puissance d’évocation.
Détentrice d’un doctorat en sémiologie de l’UQAM sur la science-fiction écrite par les femmes, Sylvie Bérard se consacre à ses trois passions : l’enseignement de la littérature des Premières Nations et de la littérature franco-canadienne à l’université Trent ; l’écriture de romans de science-fiction («Terre des Autres», 2004 et «La Saga d’Illyge», 2011, publiés chez Alire), de nouvelles et autres inclassables ; la recherche, avec des travaux portant sur la littérature autochtone, le queer et la science-fiction. Elle a remporté le prix de poésie Trillium pour son recueil «Oubliez».