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Prologue L'année 2012 fut difficile pour moi. Elle débuta par le diagnostic de cancer pour mon amoureux de l'époque. Il n'avait pas un, mais deux crabes logés de chaque côté de sa poitrine. Après s'être bien battu, son mal fut éradiqué. Tous les matins, j'écrivais pour évacuer la peur : poésie d'une femme aux prises avec l'amour, la colère, le déni, le désir. À l'automne de cette même année, mon fils Simon nous quittait. La souffrance à la limite du tolérable a été consignée dans le roman L'enfant hiver écrit en son hommage. En même temps, des poèmes naissaient au fil du quotidien, arrimés aux gestes de la mère en deuil que j'étais, à mes activités de plein air qui me rappelaient son enfance. Pour me garder en vie, beau temps, mauvais temps, je peins, j'écris, je raconte : faire du bruit pour enterrer l'appel de la mort qui, de toute manière, finira par me rattraper.
Née à Rapides-des-Cèdres en Abitibi, Virginia Pésémapéo Bordeleau se fait d'abord connaître comme artiste en arts visuels. Elle obtient un Baccalauréat en arts plastiques de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue en 1988, même si une production singulière et très remarquée débute bien avant cette date. Plusieurs expositions-solo ou collectives font connaître ses oeuvres aux populations de l'Abitibi-Témiscamingue, du Québec (Montréal, Wendake, Bas-Saint-Laurent) et de la France (Paris, La Mothe Cassel, Mayenne), entre 2007 et aujourd'hui. Depuis 1991, elle a obtenu six projets d'intégration des arts à l'architecture, principalement en milieu autochtone. On retrouve de ses oeuvres dans pas moins de neuf collections au Canada, en Irlande et aux États-Unis. Virginia Pésémapéo Bordeleau s'est mérité des prix et des bourses à quelques occasions, tant pour sa production en arts visuels que littéraire dont le Prix des Libraires en 2012 pour Le Crabe noir, recueil de poésie inédit. En plus de ses trois romans, d'un roman collectif et d'un recueil de poésie, elle a tenu une chronique littéraire, Confidences à Emma-Rose, dans la revue Relations, de septembre 2012 à août 2013 (nos 759 à 766).
La mort, toujours et encore! N'est-elle pas liée aux plus grandes angoisses, aux souffrances les plus douloureuses de l'être humain? Virginia Pésémapéo Bordeleau a écrit les poèmes de la première partie de ce recueil «pour apaiser la souffrance à la limite du tolérable» liée à la perte d'un fils. Les textes de la deuxième partie abordent également la lutte contre la mort, la souffrance provoquée par l'abandon, autre forme de perte qui appelle le deuil. L'auteure nous entraine dans deux trajectoires de la douleur qui, au sortir, font échec à la mort. La première nous amène progressivement à chanter la vie à travers la présence du fils dans les petites choses du quotidien laissées derrière lui, à travers les souvenirs ensoleillés de son rire, à travers un toast à son amour inconditionnel et intemporel. Je pense à toi, parmi les esprits bien-aimés, présent dans les splendeurs du monde. La deuxième trajectoire nous fait entrer dans la lutte acharnée que mène la femme angoissée contre la mort qui danse avec son amoureux. Si la mort est vaincue, cette guerre laisse la femme abandonnée et meurtrie. Mais l'appel de la chair, moteur essentiel de la vie, est toujours présent. Regardez la guerrière, insoumise et rebelle. Entendez-la chanter d'une voix gutturale en berçant ses hanches drapées de vent. Je te veux vivant est une ode à la vie, celle d'une battante qui a traversé les arcanes de la souffrance et de la mort.