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Que faire à l’âge du deuil, quand les lieux que nous connaissons disparaissent, quand la mémoire est rangée dans de petites boites de photographies? Dans Orange pekoe, le narrateur déambule autant dans les lieux qui l’entourent que dans ses souvenirs d’enfance. Il se rappelle la petite maison blanche, le grand-père dans sa berçante, les tasses de thé et, très loin, la baie, dans un ailleurs inaccessible, peut-être imaginaire. Le récit fragmenté trace patiemment les chemins hasardeux de la mémoire. Sur la route, des objets abandonnés, les oiseaux qui reviennent chaque printemps et l’angoisse de l’enfance qui refait surface un soir, bercée par le ronronnement du réfrigérateur.
Benoit Bordeleau est né en 1986 à Buckingham (Outaouais). Sa démarche de création, alliant flânerie, texte et photographie, l’a amené à animer et à participer à de nombreux projets collectifs se déployant, entre autres, sur le web. Il travaille actuellement à titre d’agent de recherche à l’Université du Québec à Montréal. Orange pekoe est son deuxième livre.
On lui disait, à tort et à travers, qu'il fallait s'économiser - il avait intérêt à le faire, pour prévenir la faillite du corps. Après l'opération, il avait été décidé de prendre des pauses à différents moments de la journée : pour se reposer, prendre le temps de se parler et, surtout, boire une tasse de thé. Mais il fallait alors, comme disait le grand-père, mettre de l'eau dans le canard, et lui poser les fesses sur le rond de poêle jusqu'à ce qu'il se mette à siffler. Puis après, seulement après, pendant que les mots commençaient à voleter autour de la table, qu'ils emplissaient la cuisine, je me permettais de prendre une gorgée, ici et là, dans les tasses disponibles. Jeune, je considérais ce moment moins comme une pause qu'une manière de prévenir l'affaissement et la maladie.
