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Dans la maison, au milieu d’un paysage sujet aux inondations, se succèdent les personnages étonnants : Demi-Heure, l’Assise, la Coiffeuse et les vournousseurs, Pomme et Potiron. Étrangers dans un lieu à imaginer, ils sont pour le narrateur des parts de lui-même à apprivoiser. Et, n’en déplaise aux chercheurs d’intrigue, celui-là tourne bien la langue dans sa bouche avant de raconter. Rosettes est un récit discret à propos de la peur de mourir tout autant que de vivre. Ici, les images insistent et créent un refuge à ce qui peine à s’attacher - comme les lacets et le sens des comptines.
Benoit Bordeleau est originaire de Buckingham (Outaouais). Sa démarche de création, liant flânerie, écriture et photographie, l’a amené à animer et à participer à de nombreux projets depuis une quinzaine d’années : événements se déployant sur le web, ouvrages collectifs, expositions et ateliers d’écriture. Il est détenteur d’un doctorat en études littéraires (UQAM, 2016) : ses recherches portaient sur les représentations du quartier Hochelaga dans la littérature québécoise. Il travaille actuellement à titre d’agent de développement culturel et numérique. À ce jour, il a publié deux récits: Au détour de l’habitude (La Traversée, 2012) et Orange pekoe (Les éditions de la maison en feu, 2021).
Je sais que, un jour, ce sera mon tour d’aller à la rencontre de la Coiffeuse, elle qui jamais n’oublie un rendez-vous, même improvisé, elle qui détient la patience et la sagesse des échassiers. Elle s’installera derrière moi sans que je n’entende remuer l’eau autour de ses mollets. Posera la cape sur mes épaules, l’ajustera autour de mon cou tandis que je repenserai à la ceinture, à la poignée de la porte, à la bête enlisée et à ses vertèbres. Elle demandera alors : quelle coupe? Et je répondrai sans hésiter : celle du porc-épic. Celle qui, devrai-je ajouter, fait oublier pour un moment la chair vulnérable du ventre et ce qui toujours y tremble..
