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« On a besoin d’ombres pour voir la lumière qui nous entoure. Dès qu’elles se dissipent, on est aveuglé, incapable de distinguer quoi que ce soit, comme si on nous braquait une lampe au visage pour nous faire parler et qu’on se mettait à tout raconter pour voir autre chose que ce blanc incandescent qui nous brûle les yeux. Chaque matin j’endosse mes ombres et j’écris des histoires qui me dépassent de plusieurs têtes, que je ne suis jamais seul à composer, parce que ce sont elles, ces silhouettes à demi esquissées, qui me guident dans la nuit noire où je m’enfonce. Je m’en sers comme écran protecteur pour y faire apparaître tout ce qui a disparu de mon existence. Pierre Ouellet
Romancier, poète et essayiste, on lui doit une cinquantaine de livres, dont treize romans, parmi lesquels Légende dorée (prix Ringuet de l’Académie des lettres du Québec 1997), L’état sauvage (Prix d’excellence des écrivains de l’Amérique française 2021) ; une vingtaine de livres de poésie, dont Dépositions (Grand Prix du Festival international de poésie de Trois-Rivières 2007), Outre (2022) et Monde! (2023), de même que dix-sept essais, dont À force de voir (Prix du Gouverneur général 2005), Hors-temps (Prix du Gouverneur général 2008) et Derniers recours (2022). Il a reçu en 2015 le prix Athanase-David pour l’ensemble de son œuvre.
« On a besoin d’ombres pour voir la lumière qui nous entoure. Dès qu’elles se dissipent, on est aveuglé, incapable de distinguer quoi que ce soit, comme si on nous braquait une lampe au visage pour nous faire parler et qu’on se mettait à tout raconter pour voir autre chose que ce blanc incandescent qui nous brûle les yeux. Chaque matin j’endosse mes ombres et j’écris des histoires qui me dépassent de plusieurs têtes, que je ne suis jamais seul à composer, parce que ce sont elles, ces silhouettes à demi esquissées, qui me guident dans la nuit noire où je m’enfonce. Je m’en sers comme écran protecteur pour y faire apparaître tout ce qui a disparu de mon existence, mais subsiste dans cet autre monde où rien ne se perd et rien ne se crée, comme les figurines cycladiques qu’on enterre dans le fond d’une combe, les masques kwakiutls qu’on accroche au faîte des arbres ou les poupées katchinas qu’on noie dans les fontaines ou cache dans les bosquets. Les mots et les images qui hantent nos livres et nos rêves sont des icônes et des idoles venues du fond du temps et de l’espace pour nous rappeler qu’on n’est pas seul au monde mais entouré d’ombres qui nous tiennent par la main. » Pierre Ouellet. Pierre Ouellet, lauréat de plusieurs prix prestigieux, dont le prix Athanase-David pour l’ensemble de son œuvre, est romancier, poète et essayiste. La procession des ombres, son quinzième roman, se caractérise par une grande maîtrise de la langue et de la pensée de même que par une inventivité narrative dans laquelle les personnages deviennent des figures mythiques porteuses d’un sens hors du commun..