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C. Allione décrypte les effets de l'exacerbation de la logique commerciale sur nos modèles de penser, et sur notre faculté à les retranscrire : la parole. Il montre en quoi la perversion des 3 domaines principaux de la parole (la publicité, la politique, la psychiatrie) est due au consumérisme et plaide pour une écologie de la parole.
Nombreuses sont les recherches qui décrivent l'impact du capitalisme néolibéral sur nos modes de vie, sur la culture, sur les façons de vivre ensemble, en un mot : sur les sujets. Il est indéniable qu'aucune société ne saurait se protéger totalement des effets d'une logique commerciale qui impose sa marque en tant que pratique, mais aussi en tant que modèle prêt-à-penser. Le marché, le saint-Marché - saint parce qu'il prétend occuper l'espace de la transcendance - n'agit plus seulement sur l'acte d'achat. En venant se poser dans une logique de saturation, il entraîne avec lui tout un dispositif de déni du manque, attaquant ainsi les racines mêmes de la parole.. Après avoir vécu dans une société de consommation, nous entrons dans l'ère de la société de saturation qui entraîne, quoi qu'elle en veuille, une véritable haine de la parole, laquelle se manifeste dans les faits de discours par la perversion du statut de la parole. Le saint-Marché a pris la place précise de toutes les transcendances. Il prône une saturation sans cesse appelée à être dépassée et indéfiniment renouvelable, totalement antagoniste avec la structure même du langage reposant sur le manque. C'est ainsi que cette saturation, mode d'action et facteur de la haine de la parole, agit de fait sur les articulations entre la sphère symbolique et le réel. Ne le voit-on pas à l'oeuvre dès aujourd'hui dans l'exercice des «métiers de parole» ? Ceux dont l'outil principal, justement, est la parole : la justice (attaque des juges par les politiques), la presse (discréditée, délaissée et parfois se discréditant elle-même à des fins consuméristes), la sphère «psy» (où le conditionnement voudrait remplacer la parole), et finalement la politique elle aussi ; et où la capacité de se référer à un acte de parole est teinté de discrédit qui ne peut qu'entraîner un esprit de mécréance généralisée.. La haine de la parole explore cette situation en essayant d'en éclairer les mécanismes, et veut montrer qu'une véritable écologie politique de la parole est d'une impérieuse nécessité et sans doute d'une grande urgence..