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Ippolito tapait à la machine les mémoires que leur père dictait en se réjouissant du bon tour qu’il jouait au roi, à Mussolini et aux «crapules» fascistes. Concettina ne cessait de changer de fiancé, et Giustino disait à Anna qu’elle était trop laide pour pouvoir songer à se marier. Tous les quatre épiaient leurs jeunes voisins de derrière la haie. Ils recevaient de grandes boîtes de chocolats d’un ami de leur père, Cenzo Rena. Et madame Maria évoquait les splendeurs du passé. Mais tout ça c’était avant. Avant d’être engloutis par les deuils, les vilénies du fascisme et le vacarme de la guerre. Avant que ces années-là ne deviennent «tous leurs hiers».
Natalia Ginzburg (1916-1991) occupe une place centrale dans la littérature italienne de l’après-guerre. Épouse de l’écrivain Leone Ginzburg, tué dans les prisons fascistes en 1944, auteure de romans, de pièces de théâtre et d’essais, traductrice de Proust et de Flaubert, éditrice chez Einaudi, elle écrit son premier roman en 1942. Quand en 1961 paraît son quatrième roman, Les Voix du soir, presque dix ans après Tous nos hiers, Italo Calvino lui dit dans une lettre : «C’est le plus beau roman que tu aies écrit.» En 1963, elle gagne le prix Strega pour Les Mots de la tribu.